dimanche 31 juillet 2011

LAFAYETTE / 1 day

Dimanche 31 Juillet / DAY 23

On prend la route pour Lafayette. On quitte l'interstate au bout de deux heures pour se rendre plus au sud à Lake Fausse Pointe, qui selon Justin est "the swampiest place ever". C'est beau, mais c'est loin d'être aussi marécageux qu'un Lac St Martin où nous avions préalablement prévu d'aller, le bayou par excellence selon les guides, moite et sombre à souhait. Point d'alligator, point, pour nous, de cyprès mousseux plongés dans l'eau, mais une balade en canoë sur les canaux qui se ramifient sur un partie du lac.

On se perd presque. En plus, Thomas et Xavier se disputent sur la technique à adopter pour ramer efficacement. Vraiment, c'est la fois où ils ont le plus été en colère l'un contre l'autre. C'était sans doute inévitable, surtout à trois dans une seule embarcation avec deux rames seulement. Je pense à ma mère, elle en rirait, à chaque fois que l'été nous lui soumettions avec ma soeur une sortie canoë sur l'Yon, elle répondait que oui, ça fait envie, mais non, c'est trop pénible, on passe son temps à cogner dans la berge et on s'engueule à chaque fois. Ca gâche la journée. Et déjà que là, on boudait un peu de ne pas voir de bayou...



Pour une fois, je suis diplomate, on se calme, on avance plus ou moins selon le plan bizarre qui nous a été donné à l'entrée du parc (tout à l'heure, avant que, attablés dans une aire de pique-nique à l'orée d'un parking vide, l'humeur en berne à cause des moustiques, des bizarres odeurs environnantes et de la chaleur presque insoutenable, nous ne mangions à trois en guise de déjeuner une petite conserve de haricots rouge-sauce sucrée).

Et puis malgré nous, à la force de nos biceps, nous rejoignons le lac à proprement parler - le but aurait été, plutôt, de naviguer parmi les chemins d'eau. C'est beau, très vaste et pourtant peu profond. A tremper sa main dans l'eau, on conclut qu'elle est chaude, quelque chose peut-être comme 27° C. Finalement, dans un coin à l'ombre sur le chemin du retour, on se déshabille un peu et se met à l'eau, plus pour s'amuser que pour se rafraîchir.



On amarre notre embarcation à un ponton brûlant. On ne peut pas vraiment plonger, mais on se marre bien en s'enfonçant à mi-mollet dans la vase. Cécile ne veut pas toucher de ses pieds à ce sol visqueux et crie à chaque fois qu'elle le frôle. Je fais le malin, mais je redoute à moitié qu'un croco pointe son nez.

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On se rend ensuite à Lafayette, simple étape, pour une nuit chez Zahra avant de partir pour Big Thicket - Texas le lendemain. Mais notre hôte n'est pas chez elle et n'y sera pas pour plusieurs jours. On ne la connaît pas, mais nos échanges d'emails lui ont plu, elle me dit au téléphone qu'elle trouve notre voyage génial et regrette de ne pouvoir en parler avec nous ; c'est incroyable : elle nous  laisse donc son appartement ouvert. Quel bonheur que de pouvoir profiter d'un lieu rien que pour nous après toutes ces semaines de couch surfing, sans obligation de subir les horaires des autres ou de faire du small talk. Du coup, on choisit de partir acheter de quoi se préparer un chouette repas. 


(changement de temps)


Je m'étais trouvée un peu malade sur la fin de la route pour Lafayette, aussi quand Xavier et Thomas sont sortis faire des courses pour le dîner, je suis restée seule dans l'appartement. J'ai pris une douche et pour une fois, au sortir de la salle de bains, je n'ai pas eu cette sensation un peu désagréable d'être moite malgré le fait de s'être juste séchée : il faisait chaud, un temps orageux même, mais pas exagérément humide. J'ai enfilé la petite robe noire que j'avais trouvée à La Nouvelle Orléans. Elle se cintre à la taille grâce à un mince ruban. J'ai chaussé mes nus-pieds et me suis maquillée un peu, pour oublier ma baisse de forme passagère. Ca devait être un repas de fête, un peu. 


reproduction d'un dessin d'enfant, dans la chambre du copain de Zahra ░┼░


Il fut d'ailleurs excellent. Thomas s'était rappelé le nom d'un bon vin rouge (Casillero del diablo) et avait décidé du menu : des pâtes aux brocolis, anchois, piments, lait de coco et pignons de pin. Xavier, d'ailleurs, l'a élu d'emblée meilleur repas du voyage. 

Nous avons lancé une machine à la laverie de la résidence, en bas, près de la piscine ouverte qui faisait grise mine sous la pluie. Dans la lumière déclinante, sa surface piquée par les grosses gouttes et les tristes transats de plastique blanc, depuis la coursive de l'immeuble, prenaient un tour assez cinématographique. 

On s'est endormis alignés tous les trois dans le salon. Nos vêtements, à côté, sentaient bon la lessive, c'était chouette.